Le jour où je suis allé.e à la conférence sur l'histoire de la musique noire des plantations au rap
- Taïlamé

- 22 juil. 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 juin

Le jour où je me suis rendu.e à la conférence sur l'histoire de la musique noire des plantations au rap, le Musarth de Pointe-à-Pitre accueillait une de ses manifestations, promettant une soirée instructive et culturelle.
Arrivé.e à l’heure, la vue d’une salle déjà pleine à craquer m’a, tout d'abord, agréablement surpris.e. Ma joie fut de courte durée. L'absence d'agents du Musarth à l’entrée pour m’orienter vers une place assise annonçait déjà une aventure singulière. Petit à petit, des chaises supplémentaires encombraient les issues de secours, soulevant des inquiétudes légitimes sur la sécurité. Et comme si cela ne suffisait pas, la climatisation défaillante ajoutait une touche finale à ce tableau d'inconfort.
Ce contexte initial posait un cadre particulier pour une conférence qui ne s'annonçait pas de bon augure.
En effet, mes recherches préalables sur le·la conférencier, Pascal Archimède, ne m'avaient pas rassuré·e. Internet se montrait avare en références sur son travail : pas de titre universitaire, une activité d’enseignant en anglais en freelance, et aucune expertise apparente en histoire ou en musicologie. Certes, les diplômes ne font pas toujours l’expert·e, et une connaissance empirique peut offrir des perspectives intéressantes. Néanmoins, mon scepticisme grandissait.
Le titre de la conférence, « L'histoire de l'Amerique noire, des plantations à la culture rap », accentuait mes doutes. Juxtaposer une « situation sociale » : les plantations, et "un genre musical" : le rap, et le tout sous couvert de parler de l'histoire de l'Amérique noire me semblait au mieux incongru et très présomptueux. Un titre comme « L'histoire de la musique noire : du negro spiritual au rap », plus humble, aurait sans doute mieux reflété une évolution musicale … mais peut-être suis-je trop pointilleux.se.
Enfin, après une longue attente, Pascal Archimède prit le micro. S'ensuivit une litanie interminable sur sa vie et son œuvre, avec pour climax une rencontre avec Jada Pinkett Smith – pas exactement une icône musicale. Les quelques articles de presse américaine introuvables dans les premières pages de Google, ont fait défaut à son désir d'asseoir sa crédibilité. Pour couronner le tout, la diffusion complète d’une interview de Guadeloupe 1ère acheva le peu de considération que je pouvais encore lui porter. Un PowerPoint amateur et une lecture soporifique de sa présentation enfonçaient définitivement le clou.
Après une bonne dizaine de minutes, voire une quinzaine, d’égotrip, il aborda enfin le sujet principal de la conférence. Le temps consacré à parler de lui-même égalait celui dédié à la musique. En quinze minutes, nous survolions la musique "noire", du negro spiritual des esclaves à la trap, en passant par le jazz, ponctué de très nombreux extraits musicaux. Son discours manquait cruellement de substance. Une page Wikipédia aurait offert le même niveau d’information.
Pourtant, je souhaite lui accorder le bénéfice du doute, je n'ai pas lu son livre, qui pourrait offrir un approfondissement manquant à sa conférence.
Cette expérience me laissait songeus.e:
Assister à une telle conférence en Guadeloupe, organisée par une collectivité locale, m'amène à m'interroger sur les critères de sélection des intervenants culturels. Manquons-nous à ce point de personnes qualifiées que nous devons nous rabattre sur des pseudo-experts ? Devons-nous nous contenter de cela faute de mieux, au grand désespoir de ceux·qui les engagent ?







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